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Résumés des interventions9h40 : Vincent Larivière (Université de Montréal) La mesure de l’interdisciplinarité : approches bibliométriques Au cours des dernières décennies, les gouvernements à travers le monde ont mis en place des politiques favorisant la recherche interdisciplinaire. Un tel intérêt a mené la création de bon nombre d’indicateurs bibliométriques de l’interdisciplinarité basés à la fois sur les citations et références effectuées par les articles ainsi que sur leurs affiliations. Au cœur de ces indicateurs se trouve le concept de diversité, dont trois dimensions sont mesurables : 1) l’équilibre entre les disciplines combinées, 2) la variété de celles-ci, et 3) leur degré de disparité. La présentation détaillera ces indicateurs, ainsi que leurs forces et faiblesses. Nous discuterons également des classifications disciplinaires, dont la méthodologie influence grandement la mesure de d’interdisciplinarité, ainsi que l’émergence de nouveaux indicateurs permettant de mesurer la disruption en recherche. Nous conclurons par une discussion sur ce que ces indicateurs peuvent nous apprendre sur le système de la recherche. *** 10h20 : Béatrice Milard (Université Toulouse Jean Jaurès) Réseaux de co-citations, capital académique et interdisciplinarité : quelles dynamiques ? Sélectionner des références bibliographiques pour une publication scientifique est un acte à la fois intellectuel et social et les chercheurs et chercheuses contribuent à transformer les communautés scientifiques par leurs pratiques de citation et le partage de références communes. Pour mieux comprendre ces dynamiques, nous étudions des cas de transformation des réseaux de co-citations autour d’une publication, avant et après sa parution, et nous examinons les changements observables à cette échelle. Différentes structurations sont identifiées : la polarisation, la clusterisation, l’atomisation, l’attrition. L’analyse met en évidence le poids des circonstances intellectuelles et sociales de parution des publications et notamment l'importance du capital académique des auteurs et les ressources intellectuelles de leurs recherches – dont l’interdisciplinarité – dans la destinée de ces articles scientifiques. *** 11h30 : Henri Bretel (Université Paris-Saclay) et Michel de Moura (UVSQ) Analyser l'interdisciplinarité au prisme des réseaux de collaboration scientifique A travers l’analyse des collaborations entre auteurs dans le corpus des publications du DIM PAMIR, nous cherchons à mettre en valeur d’abord l’intérêt que peut avoir cette approche simple, par liens bidirectionnels et volontaires entre acteurs de la science, pour l’analyse de l’interdisciplinarité. *** 11h30 : Nolwenn Pamart (MNHN) et Kristell Roser (Sorbonne Université) Vocabulaire, référentiels, thésaurus : comment qualifier un corpus interdisciplinaire ? Comment définir l’interdisciplinarité ? Comment l’étudier à travers les publications du domaine ? Sans définition officielle, la question de la constitution d’un vocabulaire contrôlé s’est naturellement posée pour comprendre ce que sont les sciences du patrimoine. *** 16h00 : Fabien Tarissan (ENS Paris-Saclay) Apport méthodologique de la science des réseaux pour l'analyse de corpus de documents juridiques : un témoignage de recherche interdisciplinaire Comme la plupart des réseaux rencontrés en pratique, ceux issus du monde juridique se prêtent naturellement à la représentation sous forme de graphes, dans lesquels les sommets décrivent les entités qui composent le réseau (ici les jugements par exemple) et les liens les dépendances entre ces entités (citations entre jugements). Dans cette intervention, nous verrons comment cette approche quantitative, alliée à une lecture plus qualitative des textes juridiques, permet d'aborder sous un angle nouveau une série de questions traitant de l'évolution du droit. Cette intervention sera donc l'occasion de témoigner de la construction d'un programme de recherche interdisciplinaire alliant des disciplines aux méthodologies très contrastées que sont l'informatique et le droit. *** 16h40 : Marion Maisonobe (Université Paris-Cité, Université Paris 1, EHESS) Le terrain de recherche : lieu de rencontre entre disciplines et nationalités Cette présentation aborde les sciences de terrains, leur interdisciplinarité et leur internationalité à travers l'exemple de trois champs de recherche : la science pyrénéenne, la science polaire et les sciences marines. Il s'agira de mettre en évidence les traits communs à ces trois champs, tout en détaillant quelques unes de leurs spécificités, en particulier du point de vue des nationalité et disciplines qui s'y rencontrent. La seconde partie de l'exposé mettra en évidence les tensions que l'étude sociale de ces sciences permet de faire ressortir – à la fois entre disciplines et entre nationalités. Elle montrera que malgré un terrain commun, les approches et les rapports à l'espace peuvent varier sensiblement d'une spécialité à l'autre. Pour finir, sans nier la réalité et l'intérêt de l'interdisciplinarité et de l'internationalité très largement plébiscitées pour des raisons à la fois politiques et scientifiques, cette présentation s'efforcera à travers l'entrée par "le terrain" de mettre en lumière d'autres traces d'échanges scientifiques interdisciplinaires et internationaux que celles des co-publications entre scientifiques de pays et de nationalités différentes. *** 17h20 : Étienne Anheim (EHESS) La construction de l'interdisciplinarité, entre pratiques et épistémologie Les plus importants problèmes posés par la notion d'interdisciplinarité résident dans la difficulté à la saisir avec précision, à la "qualifier", qu'il s'agisse d'identifier des indicateurs de quantification ou des démarches d'échange entre disciplines, alors même que les chercheuses et les chercheurs passent leur temps à travailler au-delà des ancrages disciplinaires et à mobiliser des savoirs disciplinaires très variés au sein d'une même recherche. Ce sont ces effets de brouillage, encore renforcés par la rhétorique de l'interdisciplinarité portée par les financeurs de la recherche scientifique, qu'on voudrait tenter d'analyser au terme de cette journée. S'il est si difficile de résoudre ce problème, c'est peut-être qu'il est mal posé. On voudrait en particulier se demander si le cadre unitaire de la discipline est vraiment le meilleur pour comprendre et interpréter les circulations des savoirs et les phénomènes de co-construction, ou s'il n'est pas nécessaire de changer d'échelle. Si on considère les disciplines comme des agrégats liant un dispositif sociologique et institutionnel, un objet, des méthodes et un cadre épistémologique, il est sans doute nécessaire d'entrer plus finement dans la nature des échanges interdisciplinaires pour pouvoir les qualifier de manière pertinente. Au total, il s'agira finalement de réfléchir au bien-fondé du vocabulaire de nos descriptions de l'interdisciplinarité : l'évolution des pratiques interdisciplinaires et de leurs enjeux épistémologiques nécessite peut-être aujourd'hui une révision critique des lieux communs sur une interdisciplinarité qui s'est routinisée jusqu'à obscurcir son propre fonctionnement aux yeux de celles et ceux qui la pratiquent. |
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